Comme tout le monde, Shä a aussi ses propres coups de coeur et Putain d'usine, un roman de Jean-Pierre Levaray magistralement adapté ensuite en bande dessinée par Efix, n'est pas le dernier. Le récit d'un ouvrier en pleine ère de désindustrialisation ; de son désenchantement et de son pénible labeur.
À sa façon à lui, Shä rend un hommage à cet ouvrage brut et vital en imaginant l'ouvrier ouvrir la porte de sa cage pour un nouvel envol. Cöt cöt cöt.
Poule d’eau
Il pleut sur ma mouille.
8H00, retard façon lapin d’Alice. Les voyageurs montent
enfin dans le tramway, trempés comme une mouillette et serrés comme des œufs.
Secrétaires qui caquettent, collégiens qui
gloussent ; un jeune bellâtre fait le coq pour séduire sa basse-cour…
Scène quotidienne de mon tram poulailler.
Ce matin-là je couve un début de grippe et je suis las,
très las. Si je m’écoutais, je plaquerais ce job à l’usine mais pour ça il faut
du courage, or la perspective de me retrouver plumé sur la paille m’amène
à me conduire comme une poule mouillée. Les temps sont durs et ça je ne
l’oublie pas. Il y a un loyer à payer, mes p’tits poussins à élever… Pas encore
totalement fêlé le crâne d’œuf… Putain de vie, putain d’usine.
Lorsque je descends à mon arrêt, la rêverie laisse
brusquement la place à la stupeur. Les portes de l’entrepôt sont closes et les
collègues vitupèrent devant le bâtiment. Le patron a profité du week-end pour
fermer son usine… Délocalisation sauvage apprendra t-on. Plus une seule machine
dans les locaux, nous voici les dindons de la farce. Chômage technique et fin
brutale de carrière ! Au milieu des cris et de la cohue, la graine de
lucidité germe pourtant en moi : j’en ai la chair de poule mais le voici
peut-être ce nouveau départ ! Une nouvelle aurore, mon chant du coq.
© Petit à petit, Efix & Levaray
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